Le « sharenting » ciblé à l’Assemblée

Des parents dans le viseur de l’Assemblée nationale. Des parents dans le viseur de l’Assemblée nationale. Attention, je commence par un scoop : Internet a changé nos vies et Internet a tellement changé nos vies qu’il a aussi changé la manière d’être parent…

Avant, on faisait des albums photos, des vidéos au caméscope, on regardait ça en famille, c’était chiant à mourir, mais au moins, ça restait entre nous ! Maintenant, on fait la même chose, c’est toujours chiant, mais on en fait profiter tout le monde sur Insta, sur YouTube ou sur TikTok, les médias d’aujourd’hui. C’est comme si à l’époque, on avait diffusé nos vidéos de vacances sur TF1. Et c’est parce qu’Internet a fait perdre les repères de certains parents que les députés veulent mettre de l’ordre dans ce grand déballage intime…

Comment comptent-ils s’y prendre ?

Aujourd’hui, l’Assemblée nationale examine une proposition de loi pour garantir le droit à l’image des mineurs sur Internet. E veut lutter alerte mot affreux, le sharenting. C’est aussi ça la révolution Internet, des barbarismes en pagaille.

Le sharenting, c’est quoi ?

C’est la contraction de « sharing », c’est-à-dire partage, et « parenting », la parentalité. Bref, les parents qui partagent chaque faits et gestes de leurs marmots sur Internet. On pourrait penser que c’est pas bien grave… Sauf que ces photos ne disparaîtront jamais. Car si nous on les oublie, Internet, lui, n’oublie jamais rien. Rien ne s’y perd… Et tout se récupère. C’est comme ça que la photo trop mignonne de votre bambin dans son bain pourra ressortir 10 ans plus tard… Sans qu’il n’ait rien demandé. E plus grave encore, -vous d’où viennent la moitié des photos qui circulent sur les forums pédopornographiques ? D ce que postent les parents sur les réseaux sociaux…

Alors, concrètement, cette loi changerait quoi ?

Pour reprendre les termes du texte, se veut surtout une loi pédagogique… En gros, on ne va pas interdire aux parents de mettre une photo de leurs enfants sur Instagram, mais le texte veut instaurer la notion de vie privée dans la définition de l’autorité parentale, et en cas de dérive grave… Il permettrait à un juge de confier le droit à l’image d’un enfant à un tiers… À quel moment, on en arriverait là, personne n’en sait rien à ce stade… Mais vous avez compris l’idée… Il faut éduquer les parents… Il y a du boulot…

Un chiffre pour illustrer la situation

Avant même ses 13 ans… Il y aura déjà 1300 photos d’un enfant sur Internet. Elles sont publiées sur les comptes de ses parents… Sur ceux de ses proches, voire même, eh oui, sur ses comptes propres. Car malgré la règle, l’âge minimum de 13 ans n’est pas respecté sur les réseaux sociaux…

Jugez plutôt…

La première inscription sur une plateforme se fait vers 8 ans et demi, la moitié des 10-14 ans sont déjà présents sur les réseaux sociaux. A dire que la règle dont vous parlez Nicolas. Ça fait un bail que tout le monde s’assoit dessus. C’est d’ailleurs pour ça que la semaine dernière, l’Assemblée a voté un autre texte. J vous en avais parlé avant les vacances, une loi qui instaure une majorité numérique à 15 ans…

C’est un tournant…

Oui ! Pas celui de la fin de la toute-puissance des réseaux sociaux, on ne va pas s’emballer… Mais celui du retour du politique… Sur un sujet d’actualité, notre vie numérique, avec en toile de fond un sujet brûlant, la santé mentale…

Les études qui lient les problèmes des ados avec leur surconsommation des réseaux sociaux se multiplient. Tant mieux donc que des députés s’emparent de cette question. M ça sera une goutte d’eau s’il n’y a pas de prise de conscience collective. On ne laisse pas ses enfants devant le porno du samedi soir sur Canal… On ne les laisse pas non plus devant un film d’horreur à la télé… ou devant le flux d’une chaîne d’info… Eh bien, c’est pareil sur un écran de portable… Je vous le disais : Internet a changé nos vies, il a fait baisser notre niveau de vigilance…

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