đ„đ«đ· ALERTE INFO – Le Français LĂ©on Marchand dĂ©croche la mĂ©daille dâor du 400m 4 nages …
Le Français LĂ©on Marchand dĂ©croche la mĂ©daille dâor du 400m 4 nages aux mondiaux de natation et pulvĂ©rise le record du monde. (France 4).
Mondiaux de natation : LĂ©on Marchand remporte lâor sur 400 m 4 nages et efface le record du monde de Michael Phelps
Le nageur de 21 ans a conservé son titre de champion aux Mondiaux de natation de Fukuoka, en faisant tomber le record de la légende américaine, qui datait de 2008.
Par Elisabeth Pineau(Envoyée spéciale à Fukuoka [Japon])
Dimanche 23 juillet, lâhorloge du bassin du Marine Messe de Fukuoka indiquait 21 h 28 lorsque la fusĂ©e LĂ©on Marchand sâest Ă©lancĂ©e sur le 400 m 4 nages avec, dans le viseur, derriĂšre ses lunettes, le record du monde de Michael Phelps. AprĂšs les deux longueurs en papillon puis en dos, le Français Ă©tait au coude Ă coude avec lâAmĂ©ricain Carson Foster. Marchand le brasseur fit alors une dĂ©monstration sur cette nage qui semble presque innĂ©e chez lui, et la petite ligne rouge matĂ©rialisant le record du monde apparut soudain sur les Ă©crans. DĂšs lors, le nageur de 21 ans Ă©tait seul au monde, poussĂ© bruyamment sur lâultime aller-retour en crawl par les 7 000 spectateurs sortis de la torpeur dâune soirĂ©e des championnats du monde jusquâici sans effervescence.
Le Toulousain a frappĂ© un grand coup dĂšs son entrĂ©e en lice dans le chaudron nippon en effaçant des tablettes lâex- « kid de Baltimore », avec un chrono de 4 min 02 s 50 (contre 4 min 03 s 84) â Foster (4 min 06 s 56) et le Japonais Daiya Seto (4 min 09 s 41) complĂštent le podium. CâĂ©tait le dernier record individuel du plus grand nageur de tous les temps qui tenait encore, celui aussi qui aura durĂ© le plus longtemps dans lâhistoire de la natation. Phelps â 28 mĂ©dailles olympiques dont 23 titres entre 2000 et 2016 â lâavait Ă©tabli aux Jeux de PĂ©kin en 2008.
« Je mâentraĂźne tous les jours pour ça, je pĂšte mon temps de 2 secondes, je fais le record, câest gĂ©nial », a rĂ©agi Ă peine sorti du bassin la pĂ©pite de la natation française, sourire Ă©videmment jusquâaux oreilles, encore rougies par lâeffort. « Aux 300 m, je sais que je suis devant, je me dis que le titre câest bon, sachant quâil me reste des jambes, dĂ©veloppait-il ensuite tardivement lors de sa confĂ©rence de presse. Et quand je touche le mur, câest le temps qui mâintĂ©resse, je me retourne, je vois 4 min 02, je me dis âmais nan câest pas possible !â. CâĂ©tait un moment assez spĂ©cialâŠÂ »
La rencontre avec Phelps, son idole de jeunesse
Quelques instants plus tĂŽt, il a reçu sa mĂ©daille dâor des mains de celui quâil venait de dĂ©possĂ©der sous ses yeux : Phelps, retraitĂ© depuis 2016, avait fait le dĂ©placement depuis lâArizona pour commenter la course pour la chaĂźne amĂ©ricaine NBC. Beau joueur, lâancien nageur de 38 ans leva les bras sitĂŽt le mur touchĂ© par son cadet, avant de lâapplaudir longuement. CâĂ©tait dâailleurs la premiĂšre fois que le Toulousain rencontrait en chair et en os son idole, lui-mĂȘme ancien protĂ©gĂ© de Bob Bowman.
Comme un autre clin dâĆil du destin, câest dans cette ville portuaire Ă la pointe nord de lâĂźle de Kyushu, dans le sud-ouest de lâarchipel japonais, que Phelps avait dĂ©crochĂ© son premier titre de champion du monde en 2001, sur 200 m papillon, en battant son propre record du monde sur la distance Ă©tabli quelques mois plus tĂŽt Ă seulement 15 ans. LĂ©on Marchand, lui, nâĂ©tait pas encore nĂ©.
Samedi, Ă la veille de plonger dans le bassin du Marine Messe de Fukuoka, le protĂ©gĂ© de Bob Bowman et Nicolas Castel bottait en touche alors que le monde de la natation lui promettait depuis des mois de faire tomber ce record dimanche. « Ce nâest pas mon objectif principal. Je vais essayer de faire mon meilleur et on verra », Ă©vacuait le nageur de 21 ans, sans convaincre grand monde. « Jâai envie de gagner un titre aux championnats du monde, câest tout », renchĂ©rissait-il dimanche midi juste aprĂšs sa sĂ©rie, oĂč il avait rĂ©alisĂ© le deuxiĂšme meilleur temps (4 min 10 s 88, derriĂšre les 4 min 09 s 83 de lâAmĂ©ricain Carson Foster), en gĂ©rant sa fin de course.
« Câest vrai que beaucoup de monde lui en parle [du record], forcĂ©ment il lâavait dans un coin de la tĂȘte, mais je crois quâil a trouvĂ© sa philosophie de vie et dâĂ©quilibre Ă travers la natation, ses Ă©tudes et sa vie, insiste Nicolas Castel, son coach depuis quâil a 9 ans, qui forme dĂ©sormais un binĂŽme avec Bowman. Lui, ce qui lui plaĂźt, câest de gagner, dâĂȘtre heureux, câest ça qui lui permet dâĂȘtre performant derriĂšre. La consĂ©quence, câest les records, mais ce nâest pas une obsession. » Ce qui est le plus impressionnant chez le Toulousain ? « La sĂ©rĂ©nitĂ© quâil dĂ©gage, rĂ©pond du tac Ă au tac Castel. Quand je lâai vu derriĂšre les plots, jâĂ©tais plutĂŽt tranquille, jâai rapidement vu quâil Ă©tait bien. »
En 2022 dĂ©jĂ , aux Mondiaux de Budapest, la machine Marchand avait une premiĂšre fois caressĂ© la rĂ©fĂ©rence sacrĂ©e, en 4 min 04 s 28. Depuis â et cela sâest vu dimanche soir â, il sâest amĂ©liorĂ© en dos, en crawl aussi.
« Une étape dans mon cheminement »
A lâen croire, ce premier record du monde sur la distance nâest sans doute pas le dernier. « Que ça se passe [dimanche] ou dans un an, ça ne change pas, ça va ĂȘtre une Ă©tape dans mon cheminement. Si je veux arriver Ă mon objectif principal, jâai besoin de âpĂ©terâ les 4 min 04 s, les 4 min 03 s », disait-il samedi. Lui-mĂȘme ne sait pas trĂšs bien oĂč se situent ses limites. « Je veux toujours chercher plus loin, je pense quâil nây a pas vraiment de limites Ă ce que je peux faire, entre ce que je fais Ă lâentraĂźnement tous les jours, lâintelligence que jây mets, je pense que je peux continuer Ă mâamĂ©liorer et descendre en dessous de 4 min 02 », assurait-il encore dimanche soir.
Aux Mondiaux de Budapest en 2022, le fils prodigue de la natation française, exilĂ© en Arizona depuis aoĂ»t 2021, avait dĂ©crochĂ© deux titres sur 400 m 4 nages et 200 m 4 nages, ainsi quâune mĂ©daille dâargent sur 200 m papillon. A Fukuoka, il est engagĂ© sur quatre courses individuelles, les mĂȘmes que dans la capitale hongroise, mais aussi le 200 m brasse oĂč il a frĂŽlĂ© le record du monde lors des championnats de France Ă Rennes mi-juin (2 min 06 s 59, meilleur temps mondial de la saison).
Mais il y a un hic, ou plutĂŽt un « problĂšme de riche » pour Marchand : la demi-finale du 200 m brasse, jeudi, cogne avec la finale du 200 m 4 nages, ce qui contraindrait le nageur Ă enchaĂźner les deux courses en seulement vingt minutes. Coach Bowman nâest pas vraiment chaud, reconnaĂźt son disciple sage et bien Ă©levĂ©. « Câest pas le top pour moi. Je verrai aprĂšs le 200 pap [mercredi] si je me lance le dĂ©fi de faire les deux courses en mĂȘme temps, je nâai pas encore choisi. » Sachant aussi que la finale du 200 m brasse vendredi se chevauche avec la finale du relais 4x200 m, seize minutes plus tard : « Mais lĂ , jâaurai plus de temps », assure le maĂźtre des chronos. Il y a longtemps que lâespace-temps de LĂ©on Marchand nâest plus pĂ©nĂ©trable par le commun des mortels.
Elisabeth Pineau(Envoyée spéciale à Fukuoka [Japon])