Jul se raconte devant le stade Vélodrome : «Je n’avais aucun espoir de percer»

Le rappeur phénomène, gamin de Marseille, fêtait jeudi la sortie de son 12e album avec 2 000 fans réunis dans son stade fétiche.

« Fais-le, fais-le, fais-le ». Ils sont un millier ce jeudi à 14 heures à chanter, voire hurler, les paroles de Jul, Julien Mari de son vrai nom, devant le stade Vélodrome. Certains attendent derrière les barrières depuis 7h30 du matin, venus de Dunkerque, Lyon, Montpellier, Bordeaux, Istres, et évidemment de toute la Provence, pour participer à une première. La première grande séance de dédicaces du rappeur marseillais de 29 ans, à l’occasion de la sortie de son douzième album, ce vendredi. Une opération de promotion co-organisée par Believe, le label qui distribue ses disques, et Deezer, la plate-forme française de streaming, dont Jul est le plus gros vendeur, tous styles et pays confondus.

C’est écrit en gros dans l’entrée du stade Vélodrome, où Jul accueille ses fans et où il se produira dans un an : en seulement six ans, le Marseillais cumule 2 milliards de streams rien que sur Deezer ! À 29 ans, il a vendu plus de 4 millions de disques. « C’est quelqu’un, Jul, s’exclame Vinci, 27 ans, boulanger. Et pourtant, il s’la pète pas, il sort en survêt et en baskets. C’est une star mais il n’a pas changé ». C’est aussi sa simplicité qui plaît à Dorothée, venu de Givors (Rhône) avec ses fils Eddy, 5 ans, et Jalil, 11 ans, et Josette… 77 ans, sa mère : « Eh oui, on aime Jul de 5 à 77 ans, sourit Dorothée. Même ma maman chante Jul à la maison. On aime sa musique, qui n’est pas vulgaire, mais aussi sa personnalité. C’est un acharné du travail. Il travaille jour et nuit. »

Huit heures d’attente pour l’approcher

Ces acharnés de Jul vont patienter pendant près de huit heures pour pouvoir rencontrer leur idole. L’attente est longue mais ils ne sont pas déçus. Attablé devant un mur de disques d’or et de platine, qui reprend les codes de la photo de son nouvel album, « Rien 100 rien », Jul prend le temps de les écouter, de poser avec eux, de signer leur poster, de les remercier pour leur fidélité. « Je leur dois bien ça, ils me soutiennent, me défendent depuis le début, nous avoue Jul. Quand j’ai commencé la musique, je n’avais aucun espoir de percer. Je ne connaissais personne. Tout ce qui est arrivé s’est construit à force de travail, le mien, celui de ma famille, de mon équipe et de la team Jul ( NDLR : ses fans ). »

La folle journée de Jul au Vélodrome de Marseille

Sonia, 36 ans, la « maman » de la team Jul, acquiesce : « Jul a un parcours particulier, il n’a pas le niveau d’études, il s’est construit tout seul. Du coup, il a beaucoup de respect pour les gens qui galèrent. Il est très humble et reconnaissant. Pour me remercier de ce que je fais sur Instagram, il a invité mes enfants dans deux clips et nous a fait venir à Paris. » « À Marseille, on n’aime pas tous sa musique mais on respecte sa discrétion et sa générosité, nous confiait le taxi marseillais qui nous emmenait le matin au stade. Il arrive souvent qu’il distribue des vêtements ou des cadeaux aux gamins de Marseille. »

«Je n’aime pas les clashs»

Jul préfère investir ainsi son argent. « La musique me rapporte beaucoup d’argent, enfin je pense, car je ne regarde pas combien je gagne. Et cet argent, je n’en fais pas grand-chose en fait, je n’ai pas trop de passions, je ne vais pas en boîte, je ne fais pas les magasins, je ne vais pas au cinéma. Je ne peux plus y aller. » C’est d’ailleurs pour cela qu’il préserve vaillamment sa vie privée et sa famille, ne veut ni en parler ni la montrer. « Avec mon argent, reprend-il, j’aime bien me louer une voiture, jouer à FIFA avec les collègues et faire de la moto l’été. Mais bon une 125, un truc tranquille. » Dans la file des fans, Sendes, la maman de Chachou, aime Jul pour ça : « Contrairement aux autres rappeurs, Jul est timide et ne se la raconte pas avec des bijoux, des grosses voitures. C’est ni Booba ni Kaaris. »

« Je n’aime pas les clashs, je n’aimerais pas me montrer dans des vidéos comme ça confirme Jul. J’ai mes petites idées, mon petit projet, je suis mon petit chemin. » Petit chemin qui le mène quand même vers de grandes salles à partir d’octobre, une dizaine, dont le 13 novembre l’AccorHotels Arena et le 6 juin 2020 l’Orange Vélodrome. « Je viens de finir mon album il y a deux semaines, je vais me mettre à fond sur la tournée, je vais attaquer le sport, je vais réapprendre mes vieux sons, j’en fais tellement. »

Jusqu’à 20 heures, Jul a signé des autographes et pris des photos avec ses fans./LP/Fred Dugit

Avant que ses 2 000 fans ne l’accaparent jusqu’à 20 heures, on l’entraîne dans le stade en travaux pour faire une photo. Impressionné par les 60 000 places, il lâche : « C’est trop grand pour moi. » « Donner un concert ici, c’est un rêve d’enfance, confie-t-il. Je jouais à l’OM, j’avais la carte d’abonnement, j’y allais tout le temps. Si tout se remplit, ce sera une fierté. »

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